Docteur Philippe MOURET

Docteur Philippe MOURET (1938 – 2008) et le développement de la cœlioscopie.
La cœlioscopie au début est une méthode d’exploration optique de cavités naturelles de l’organisme. Des systèmes optiques permettent d’éclairer et de transmettre l’image de la zone observée. Le développement des fibres optiques, l’association d’appareillages complémentaires, l’accès au moyen de petites incisions souvent faites sous anesthésie locale ont permis au docteur Philippe Mouret d’étendre la technique : appendicite, ablation de la vésicule biliaire, hernie, grossesse extra-utérine…Aujourd’hui on estime que plus de la moitié des gestes opératoires sont réalisées sous cœlioscopie.

Le docteur Philippe Mouret nous raconte :
« Chirurgien de garde à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon, je me suis retrouvé face à de nombreuses situations d’urgence. A l’époque (1966) il n’y avait pas de scanner, ni d’examens biologiques précis…il fallait ouvrir le malade pour établir le diagnostic. Résultat, on opérait certains patients pour rien … J’ai donc décidé d’appliquer un examen réservé à la gynécologie et créé en 1900 : la cœlioscopie. Pour mes confrères chirurgiens, c’était une aberration.
En effet, quand on opère, l’essentiel, c’est de voir clair. D’ailleurs, on disait à l’époque : les grandes incisions font les grands chirurgiens…en mai 1968, j’ai quitté l’hôpital public et j’ai créé la clinique de la Sauvegarde… en 1987, j’ai réussi une première mondiale : enlever une vésicule biliaire par cœlioscopie… un an plus tard, j’ai été invité à un forum scientifique. Et ça été un déclic. J’ai été invité dans le monde entier… En quelques mois, tous les chirurgiens se sont mis à cette technique pour laquelle je m’étais battu pendant vingt ans…En 1990, j’ai ouvert un centre de chirurgie ambulatoire à côté de la Sauvegarde… mais on m’a reproché de ne pas avoir les autorisations nécessaires. J’ai été confronté à de graves problèmes financiers. Je me suis battu, j’ai alerté les ministres… sans succès. Mon entreprise a été liquidée en 1998. Je me suis retrouvé avec une interdiction d’exercer en France. C’était vraiment très dur pour moi. Je suis parti opérer à l’étranger : en Inde, au Vietnam, et surtout en Italie ».

A 69 ans Philippe Mouret reçoit le fameux prix Honda.
« Je suis très fier de ce prix Honda qui récompense, au Japon, les avancées décisives pour le bien-être de l’humanité, surtout après avoir été aussi longtemps marginalisé, mais aussi quand on est ruiné comme moi. Car j’ai tout perdu pour défendre cette chirurgie. Aujourd’hui, je n’ai plus que ma chemise, même si au fond de moi, je ne regrette rien car je suis resté fidèle à mes convictions ». (5)

Voici la conclusion de l’allocution du docteur Philippe Mouret prononcée lors de la remise de la médaille de la Ville de Lyon, le 21 décembre 2007:

« Pour conclure, et avant que vous imaginiez que je suis un « anar », paraphrasant l’adage qui dit que la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls militaires, je dirai que la médecine l’est aussi pour la confier aux seuls médecins. Malheureusement l’administration est aussi une chose trop importante pour la confier aux seuls administratifs. Ça devient bien compliqué… Disons seulement qu’il faut que les choses existent avant de les administrer. Les textes et les règlements ne peuvent avoir la prétention d’être un outil de création. Ils ne doivent venir qu’après pour organiser l’existant. La charrue n’a jamais tiré les bœufs.
J’ai payé le prix fort le droit de dire cela aujourd’hui. » (6)

L’Association « Pour la fondation Philippe Mouret » a pour but de participer à la diffusion des connaissances scientifiques sur la chirurgie coelioscopique en faisant de la maison du Dr Mouret un lieu de mémoire où seront présentés, expliqués et diffusés par tout moyen, auprès de tout public, l’ensemble des documents illustrant les différentes étapes de sa carrière et expliquant le rôle qu’il a tenu dans l’union entre chirurgie et coelioscopie.

histoire-philippe-mouret3 Philippe et Christine Mouret avec Jean Martray,
maire de Sainte-Euphémie, 2007